Notre sport souffre de plus en plus. Victime du Covid-19, mais aussi de «faux dirigeants» qui usent du sport pour se faire des noms, il souffre également de l’absence de vraies politiques en profondeur qui visent à créer un modèle de développement basé sur le sport et les sportifs.
Il n’y a qu’à regarder ce qui se passe dans le paysage sportif tunisien : tiraillements, bras de fer personnels, crises financières aiguës qui frappent tous les clubs et les sports, infrastructure désuète et mal entretenue, chômage considérable des diplômés de l’éducation physique, calendrier des compétitions de tous les sports renvoyés aux calendes grecques… Bref, un sport qui tourne mal et qui souffre à vue d’œil.
Alors comment exiger des performances de notre élite qui, elle aussi, se trouve mal gérée et démotivée?
Les procédures frustrantes et insensées du ministère des Sports ne donnent aucun espoir à notre élite confrontée aux aléas de la concurrence internationale et aux coûts de plus en plus élevés. Pourquoi on n’avance pas si ce constat est confirmé depuis des années?
Parce que, justement, on gère le sport avec l’esprit des années 60. On n’a pas encore compris que le sport, même amateur, est géré comme une activité professionnelle, c’est-à-dire avec une obligation de résultats, une organisation, des ressources humaines qualifiées et surtout un sens de leadership.
Notre sport souffre encore parce que ses dirigeants sont «petits», égoïstes, conspirateurs et imbus d’eux-mêmes. Ils ont ignoré les meilleurs techniciens, les meilleurs dirigeants, les meilleurs experts, les meilleurs modèles pour se faire entourer de gens peu qualifiés, mais si «loyaux» et si soumis pour leur servir de «comparses» obéissants, exécutant ce que leurs maîtres veulent. C’est ça le vrai malheur de notre sport : les fédérations, les clubs, mais aussi le ministère des Sports, le Cnot et toutes les institutions sportives se sont transformés en des lieux de culte des personnes et des clans. Où sont les programmes de développement, de création, les textes qui aident les jeunes diplômés à créer leurs entreprises dans le domaine du sport ? Rien, on a juste le même schéma «ancestral» du sport qui tue toute initiative de réforme. C’est un système verrouillé où les acteurs, qui se livrent des batailles impitoyables entre eux, se mettent d’accord pour enterrer toute réforme et pour griller les gens qui veulent servir le sport et les sportifs.
